Contrairement à ce que l’on pourrait croire, internet est un très gros pollueur. Et c’est encore pire si l’on prend en compte la fabrication des dispositifs et matériaux nécessaires à nos navigations 3.0.
L’idée du présent article n’est bien évidemment pas de diaboliser nos vies connectées, et de prôner un retour à « un style de vie amish », comme dirait l’autre. Non, l’idée, c’est d’informer et de se responsabiliser. Car c’est bien nous, les jeunes générations d’entrepreneurs du web, qui sommes à présent responsables d’une part importante de l’impact écologique lié à nos activités digitales.
Il est donc primordial de comprendre exactement quelle est l’ampleur et la nature du problème écologique lié à l’internet. Car ce sera la seule façon pour trouver des solutions.
Qu’est-ce que la pollution numérique ?
Il n’est pas forcément si simple de se représenter les contours de la pollution numérique. Tout le monde sait aujourd’hui qu’internet pollue, mais nous sommes encore trop nombreux à nous demander comment.
C’est bien simple.
D’une part, internet, quoique dématérialisé, fonctionne avec des objets, qui sont, eux, très matériels. Que l’on parle de smartphones ou d’ordinateurs, de lampe connectée ou de Smart TV, tous ces objets ont un processus de fabrication coûteux sur le plan écologique. Par exemple, d’après une étude de GreenPeace, la production d’une télévision moderne implique l’extraction de 2,5 tonnes de matières premières. Et l’émission de 350 kilos de CO2. Et là on ne parle que de la production pure, non pas du coût écologique de l’infrastructure (l’entreprise qui la fabrique, et la pollution de ses salariés durant le temps de travail : lumières, déplacements, etc.). Une seule télévision pollue donc plus qu’un aller-retour en avion sur le territoire français. Et ça c’est avant même que vous ne l’achetiez !
De leurs côtés, les ordinateurs portables ou les smartphones, plus polluants encore, nécessitent l’utilisation de dizaines de matériaux en provenance du monde entier.
Le fait est que plus la technologie est « smart », plus elle pollue. Ses composants sont plus rares, plus compliqués, et plus polluants.
Ce n’est pas tout : dans un rapport de l’ONU datant de 2013, l’organisme mentionnait que 75% de nos déchets électroniques annuels n’étaient pas recyclés. Pourquoi ? Parce qu’on ne sait pas comment faire, et que quand on le sait, on ne fait rien ou presque. Il est vrai que ces deniers temps, les initiatives se sont multipliées. Des grandes surfaces ou des bus de récupération proposent, dans les grandes villes, de récupérer nos déchets électroniques. Mais cette première étape, quoique bénéfique, demeure extrèmement limitée face à l’ampleur du phénomène. Et les constructeurs, faute de se voir mis devant l’obligation de recycler leurs propres composants, font la sourde oreille.
La pollution numérique, c’est cela : une explosion de la demande, une irresponsabilité dans la conception, et un abandon dans le recyclage.
Quel est l’impact écologique d’Internet ?
Tout ce que nous venons d’écrire ne concerne pas encore directement internet. Car pour fonctionner, le web nécessite l’utilisation de parcs de serveurs gigantesques et d’équipements informatiques innombrables. Ainsi câble, antennes, serveurs et ordinateurs acheminent chez vous mails, photos et conversations. Et tout cela fonctionne à l’électricité !
Dans ce débat, le streaming vidéo tient bien sûr une place importante. Il représente à lui seul 60% des flux de données du web, et donc autant de pollution.
Cela s’explique par le fait que les fichiers vidéo sont très lourds, comparés aux autres formats. Un film en 4K pourra peser près de 10 gigas. C’est 300 000 fois plus qu’un email. Les sites de VoD, de pornographie et les plateformes de streaming (Youtube ou Netflix pour ne citer qu’eux) sont donc parmi les plus gros pollueurs au monde, puisque le streaming vidéo représenterait à lui seul 1% des émissions mondiales de CO2. Et ce chiffre gonfle heure après heure.
Evidemment, dans ce contexte, on serait en droit de se demander si le déploiement massif de la 5G est une bonne idée ou pas. Le Haut Conseil pour le Climat estime en effet que cette dernière va inévitablement entrainer une augmentation de 18 à 45% pour l’empreinte carbone numérique. D’ici 10 ans…
En comparaison de ces chiffres, un simple mail parait anecdotique. Mais est-ce que vous vous êtes déjà demandé quelle était la pollution d’un seul mail ? Voici la réponse : un mail de 1 Mo par exemple (donc avec une pièce jointe) émet 19 grammes de CO2 (chiffres avancés par Green Fox). Or 34 millions de mails sont envoyés toutes les heures. C’est l’équivalent de 14 tonnes de pétrole. Et le plus embêtant dans cette histoire, c’est que 75% des mails sont des spams, et que 60% des mails ne sont jamais ouverts.
Comment réduire notre pollution numérique ?
Les problèmes c’est bien, les solutions, c’est mieux. Si vous avez lu cet article jusqu’ici, vous devinez sans doute la question à 10 millions de dollars : comment réduire sa pollution numérique ? Vu que vous n’êtes à la tête ni d’AWS ni de Netflix, il vous faudra jouer à votre niveau, en espérant qu’un jour les grands acteurs du digital prennent enfin leurs responsabilités.
Le premier réflexe à avoir, et qui est toujours vrai quand on parle de réduire sa pollution, c’est d’allonger la durée de vie de nos équipements. Boostez votre PC au lieu d’en acheter un nouveau, si c’est possible. Et privilégiez l’occasion au neuf. Ça fera du bien à votre tirelire en plus. De nos jours, le reconditionné vit sa plus belle ère. Et quand quelque chose est cassé, faites-le réparer !
Ensuite, essayez bien sûr de limiter votre consommation. Voici quelques bons conseils :
- Supprimez les emails non importants.
- Désabonnez-vous des newsletters que vous ne lisez jamais.
- Eteignez votre box, la nuit. Elle consomme autant qu’un frigo.
- Demandez-vous si vous avez vraiment besoin d’une télé en 8K ou 4K. On vivait très bien en 1080p.
- Adaptez la résolution à votre écran : le 1080p sur les smartphones n’est pas forcément très utile. Un 480 suffira amplement.